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Photo du rédacteurMaï Brass

2016 en chiffre romain

Il y a des événements contre lesquels on ne peut pas lutter. Quand ils se produisent, on réalise que la liberté fantasmée dans notre cerveau depuis des années est tronquée. Alors on a le choix : se battre ou céder. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais je trouve que nos vie ont parfois tellement l'air d'avoir été écrite dans le ciel que ça en donne la chair de poule. Je ne veux pas parler du destin, du hasard, etc. Je veux parler des prédictions de ma vendeuse de légumes. Je m'explique :

Jamila est une petite dame, on ne peut plus joyeuse, qui tient une épicerie au coin de la place Général Leman, à Liège. Elle connait son âge mais pas sa date de naissance, elle démonte des objets électroniques quand elle a du temps libre et elle s’intéresse énormément à la spiritualité, au sens très large du terme. Elle a beaucoup de conversations et des réponses peu communes aux problèmes du quotidien. Du coup, je l'aime bien.


En décembre 2015, on discutait en pesant ses légumes qui allaient devenir les miens quand je lui ai dit « 2016, j'le sens pas... ». Et, contrairement à la plupart des gens à qui j'avais confié cette pensée, elle m’a dit : « Mais c'est normaaaal, 2016, 2+0+1+6 = 9 ! Neuf, c'est la fin d'un cycle ! » Nos vies seraient régies par le cycle numérologique des années. Bien que nos dates contemporaines aient été inventées par l'Homme (enfin, les Romains. Enfin, les chrétiens), elles seraient un des liens entre les énergies qui nous entourent et nos vies matérielles. Le scepticisme est de circonstance.


Nous voilà en juillet, le cycle se termine. Je m'en suis pris plein la poire, physiquement et mentalement. Dans les deux cas, je ne m'en suis pas encore totalement relevée. Heureusement qu'il y a G. Enfin bref, c'est mon interprétation personnelle d'événement contre lesquels on ne peut pas lutter. Lorsqu’ils se sont produits, je me suis rendue compte que la liberté qui m'avait fait tant rêver était totalement faussée. Même si je m'en doutais, ça m'a frappé de plein fouet, sous différents aspects.


Et il n'y a pas que moi, il y a plein d'autres cas ! Beaucoup de gens en bavent et/ou en ont bavé cette année. Déception, fatigue, accident, voyage imprévu pour fuir un désespoir impromptu. En plus, il n'arrête pas de pleuvoir ! Sauf aujourd'hui, c'est vrai. Mais que de gouttes il est tombé. Ne parlons même pas des attentats. L'humeur est maussade par ici. Tout le monde en a marre et plus personne ne fait rien parce que tout le monde a tenté un truc qui s'est fini en eau de boudin. C'est hyper-généralisé, je sais qu'énormément de gens se démènent jour et nuit pour que les choses tournent un peu mieux. Mais, tu as beau monter des activités pour faire comprendre aux enfants que le monde a changé ou diffuser des messages engagés, si, une fois rentré chez toi, tu commandes chez Domino's Pizza®, ça ne va pas vraiment aider. Tu saisis l'idée ?


Les conversations tournent en rond dans les cafés. C'est bon, on est tous d'accord : ce monde de fou nous fait du tort. Alors merde, qu'est-ce qu'on attend ? Etape numéro un : laisser pourrir le gouvernement. Il n’y est sans doute pour rien dans les événements contre lesquels on ne peut pas lutter mais il a son rôle dans l'imposture qu'est devenue notre liberté.



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