Chèr(e) Mikki,
Encore quelques mois et nous pourrons nous prendre dans les bras. Pour l’instant, tu as plus ou moins la taille d’une page A4, le poids d’une boite de céréales et j’ai encore du mal à réaliser que tu parviens à te caler entre mon estomac et ma vessie. Cela dit, j’adore te sentir bouger, ma petite grenouille, mon petit poisson. J’adore te sentir en forme. La vie, c’est vraiment un truc de dingue, tu verras. J’aime ressentir l’énergie que tu as et que, j’espère, tu garderas pour découvrir tout ça.
Tu vas arriver dans un monde que je ne connais pas et qui aura bien changé par rapport à celui dans lequel j’ai évolué. Parfois, ça me fait peur pour toi. Je te raconterai comment c’était, comment ça s’est transformé et on imaginera ce que ça pourrait donner. Tu ne connaitras que l’après internet, l’après smartphone, l’après canicule annuelle, l’après Coronavirus, etc. Je ne suis pas si âgée, mais j’ai des bons souvenirs de l’avant. Entre temps, ton papa, toi et moi, on profitera du « pendant ».
Peut-être qu’un jour, tu nous regarderas, lui et moi, droit dans les yeux, en nous demandant comment on a pu laisser faire tout ça. Comme je l’ai fait avec mes parents, une génération avant toi… Et il n’y aura pas de réponse plus satisfaisante que « c’était déjà comme ça ». Mikki d’amour, je m’excuse d’avance pour l’état de la Terre. Même si je ne sais pas exactement de quoi je sous coupable, si ce n’est d’être née et d’avoir grandi avant toi. Crois-moi, nous n’avons pas grandi dans l’insouciance totale. On a fait attention aux ressources, on a manifesté, on a boycotté, on a fait des A.G. interminables, on a dit à tout le monde autour de nous que de l’ordre établi, il ne reste plus que la folie. Pourtant, on en est quand même là.
Dans trente ans, tu auras trente ans et nous serons dans cette fameuse année de deux-milles-cinquante qui semble être la limite de beaucoup de choses. Dont notre bien-être. D’ici là, je ferai tout ce dont je suis capable pour que tu n’aies pas peur de te lever chaque matin. D’ici là, on te montrera comme le monde est beau, même quand il fait chaud. Je t’apprendrai le nom de tous les oiseaux…
Mikki chéri(e), un jour, tu comprendras que, pour beaucoup de personnes, faire un enfant est plus qu’un choix. C’est une pulsion de vie, un instinct animal. Ta génération n’est pas née par cynisme, mais parce que c’est normal. La vie ne peut pas s’empêcher de continuer, malgré tout ce qui risque de se passer. Ton papa et moi, on a décidé d’en profiter. Le temps passe et il est impossible de l’arrêter ou de revenir en arrière pour recommencer. Toutes ces minutes, tous ces jours et ces années, on a envie de les aimer, de s’aimer et de t’aimer. D’ailleurs, on a vraiment hâte de te rencontrer.
A dans trois mois et demi, Mikki.
Tendrement,
Ta maman.
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